La mort est un phénomène naturel : tout être vivant est amené à mourir. La mort fait partie intégrante de la vie, qu’elle soit biologique, sociale ou intellectuelle voire spirituelle. A ce titre, ses représentations, ses symboles, les croyances, mythes et rituels qu’elle suscite nous accompagnent tout au long de notre vie. Petit tour d’horizon.

L’éclairage de Caroline Tête, documentaliste scientifique au Centre National des Soins Palliatifs et de la Fin de Vie.

La mort, partie intégrante du cycle de la vie de tout organisme

En biologie, le cycle de vie (ou cycle de développement) est une succession de phases qui composent la vie complète d’un organisme vivant. Ces phases intègrent la naissance ou la germination chez les plantes, la croissance, l’alimentation, la reproduction, et enfin la mort. Tout organisme biologique est donc programmé génétiquement pour mourir, en se dégradant c’est-à-dire que les cellules ne se renouvellent plus assez efficacement pour faire survivre l’organisme. La mort désigne ainsi la fin complète et définitive de la vie chez un être vivant. Chez l’homme, elle implique l’arrêt irréversible de tous les organes vitaux, dont le cœur et le cerveau, qui cessent de fonctionner. La mort naturelle est due à la vieillesse, mais la mort peut aussi survenir brutalement à la suite d’un accident, d’un suicide ou d’une maladie, c’est pourquoi tous les âges de la vie sont concernés.

Pour les plus âgés, invisibles et isolés, une mort sociale ?

En sociologie, le cours de la vie de l’homme n’est pas envisagé uniquement du point de vue du vieillissement naturel, mais aussi du point de vue de sa place dans la société. Symboliquement, on peut prendre l’image d’une courbe de Gauss : le plus haut degré représente l’âge où les implications sociales de l’homme sont réputées être les plus fortes, ce qui pourrait correspondre à l’âge de 50 ans environ. Les degrés les plus bas, c’est-à-dire la naissance et la grande vieillesse, ont une implication sociale minimale, comme un rappel de l’enveloppe fragile de l’existence sociale.

Une thématique omniprésente dans les textes religieux

En théologie, la mort est également omniprésente dans les textes religieux. Les Animistes pensent que la mort est une continuité. Les bouddhistes croient en une mort comme un passage de vie. Les chrétiens pensent que seul le corps est concerné par la mort, l’âme étant éternelle. Enfin, les musulmans croient en une vie après la mort soit au paradis, soit en enfer, et que Dieu (Allah) décide quand on mourra. Tous les textes religieux abordent la question de la finitude du corps et de l’après-vie, grande inconnue de la vie.

De nombreuses divinités symbolisent la Mort comme Thanatos, Hadès/Pluton (mythologie grecque et latine), Anubis, Osiris (mythologie égyptienne), Odin (mythologie scandinave), les Banshees (mythologie celte) ou les Shinigamis (mythologie japonaise).

Le Tarot, représentation ésotérique la plus populaire de la Mort

Le Tarot reste la représentation ésotérique la plus populaire de la Mort avec le treizième arcane majeur, dit l’Arcane sans nom. Le chiffre 13, qui l’accompagne, est réputé maléfique. Il apparaît déjà dans l’Antiquité et symbolise le cours cyclique de l’activité humaine, le passage à un autre état et, par conséquent, la mort. Après le Pendu, tout entier offert et abandonné, qui reprenait des forces au contact de la Terre, la Mort rappelle qu’il faut encore aller plus loin et qu’elle est la condition même du progrès et de la vie.

Une représentation plurielle dans la culture populaire que tout un chacun contribue à véhiculer

La mort n’est pas seulement un sujet d’étude en sciences. Elle est omniprésente dans la culture populaire se positionnant au cœur de nos existences. Exposée dans les médias, au cinéma (Le Septième Seau, Last Action Hero, Rencontre avec Joe Black), dans tous les styles de musiques (classique, RnB, Death Metal), en littérature (Un chant de Noël, Les Contes de Beedle le Barde), les artistes donnent tous leur vision de la mort et traduisent ainsi les préceptes philosophiques, biologiques et théologiques auxquels ils croient ou qu’ils remettent en cause dans leurs œuvres. D’ailleurs, chaque humain participe à l’omniprésence de la mort dans la société en véhiculant une certaine représentation de la mort : dans le langage familier (mort de faim, mort de rire), dans les fêtes (Halloween, la Toussaint, la Fête des Morts…), sur les vêtements (tête de mort, faux, squelette…) et même sur le corps avec des tatouages allégoriques de la mort ou des tatouages commémoratifs, symbolisant la mort d’un être cher. Le sport a aussi intégré la mort dans son vocabulaire : on parle de mort subite lorsque deux équipes à égalité se départagent par un ultime but (ou point) marqué. On peut jouer la mort (La Petite Mort) ou avec la Mort (Black Stories) lorsqu’on s’adonne aux jeux de société. Les gamers, quant à eux, pourront voir la mort dans le jeu vidéo Les Sims (elle apparaît comme un sim meurt), l’incarner dans Darksiders II ou la chasser dans XIII.

Des variations culturelles fortes

Certains éléments de la nature sont associés à la mort comme les corbeaux ou les vautours, les cyprès, les ifs ou les chrysanthèmes. La mort s’invite aussi dans nos assiettes avec des plats (le pain des morts, le poulet enterré) ou des cocktails (zombie, cercueil, tue la mort). Selon les cultures, les couleurs sont aussi liées à la mort et au deuil comme le noir en Occident, le rouge en Afrique du Sud, le blanc en Orient, le jaune en Egypte ou le violet en Thaïlande.

La mort inspire autant qu’elle effraie

Force est donc de constater que la mort nous accompagne tout au long de notre vie. Elle inspire autant qu’elle est effraie. La Mort a de multiples significations. La mort du corps est définitive. Mais la Mort peut aussi être le symbole libérateur des peines et des soucis. A ce titre, elle n’est donc pas une fin en soi : elle symbolise le changement profond que subit l’homme par l’effet de l’initiation aux épreuves comme la maladie grave et le deuil.