Si, aujourd’hui, la fin de vie en France peut se dérouler aussi bien au domicile, qu’en établissement (maisons de retraite, comme les EHPAD), le plus souvent les décès surviennent à l’hôpital. Comment se passe leur prise en soins à l’hôpital ? Dans quels services se retrouvent-ils ? Leurs proches peuvent-ils leur rendre visite ?

L’ECLAIRAGE DE Sophie chrétien, infirmière en pratique avancée (IPA) et de Jean-Philippe Louvel, psychomotricien, Equipe mobile de soins palliatifs, Hôpital Bichat (Paris).

Les visites des familles sont possibles, sur des créneaux précis, mais elles sont bien souvent interdites aux enfants de moins de 15 ans

A l’hôpital, les patients sont accueillis dans des services. Ils y restent jour et nuit, le temps nécessaire à leur prise en charge. Le personnel leur procure soins et surveillance, ainsi que des informations sur leur état de santé. Chaque service a sa spécialité : pneumologie, gastroentérologie, orthopédie, cancérologie… Les médecins sont formés à la spécialité qu’ils exercent et travaillent en collaboration avec des infirmiers et des aides-soignantes. Habituellement, les visites des familles sont possibles de 13h à 20h. Les enfants de moins de 15 ans n’ont pas l’autorisation de rendre visite à un proche à l’hôpital, principalement pour des raisons d’hygiène en rapport avec les germes et infections présents à l’hôpital. Pour les patients en fin de vie, les règles peuvent être aménagées comme la possibilité pour un proche de rester dormir dans un  lit dit « accompagnant » ou comme l’extension de la plage horaire des visites.

Une personne peut mourir dans n’importe quel service de l’hôpital

Une personne peut mourir dans n’importe quel service de l’hôpital : aux urgences, en réanimation, en soins intensifs, en médecine ou en chirurgie. Du fait de leur spécialité (cancérologie, réanimation, etc.), certains services y sont plus souvent confrontés. Cependant, les professionnels de santé ne sont que rarement à l’aise avec l’accompagnement de la fin de vie, c’est pourquoi ils font souvent appel à une équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs. Cette équipe peut être  également sollicitée par la personne malade comme son entourage. Son travail  est de se rendre dans les services pour les conseiller (aide à la prise de décision, proposition de des traitements pour la douleur et d’autres symptômes comme l’anxiété), accompagner les patients et leurs proches dans le domaine de la fin de vie à l’hôpital.

Des équipes mobiles et des services spécialisés en soins palliatifs

A l’hôpital, un patient peut être déjà hospitalisé pour une aggravation de sa maladie et va mourir dans le service qui le suit, ou bien il arrive aux urgences venant du domicile ou de l’EHPAD et va rester aux urgences car son état évalué déjà grave ne permet pas un transfert ailleurs.

Il y a également des services dédiés uniquement aux soins palliatifs appelé plus communément « unité de soins palliatifs ». Ces unités ont des règles de fonctionnement différentes afin de s’adapter à chaque personne malade et non à la maladie. Ces unités accueillent des patients qui ont une maladie grave, incurable, évolutive, le plus souvent en fin de vie.

Les différents équipements sont très différents selon les besoins de la personne, mais l’on trouve toujours un lit, un fauteuil et des soignants

L’environnement des chambres à l’hôpital peut-être très différent en fonction des services. Il y a trois constantes : un lit, un fauteuil, des soignants. Pour le reste, il existe de nombreuses différences : les lumières, les bruits, les appareils techniques (pousse-seringue électrique, respirateur, scope, appareil à tension et à saturation, pompe d’alimentation). On peut également observer différents dispositifs directement sur la personne : lunettes ou masque à oxygène, pince du saturomètre au doigt ou à l’oreille, la sonde nasogastrique pour l’alimentation, perfusions périphériques dans une veine de l’avant-bras ou sous la peau, perfusion centrale sur un boitier sous la clavicule, drains pour évacuer des liquides au niveau du thorax ou de l’abdomen, tuyau qui évacue les urines dans une poche… D’autres matériels existent en fonction des maladies.

« Lorsque sur la guirlande une ampoule va clignoter à un moment donné, les autres feront de même et finiront par s’arrêter. De la même manière, un organe en défaillance entrainera celles des autres »

Sophie chretien, infirmiere, et jean-philippe louvel, psychomotricien

Le corps d’une personne en fin de vie, une guirlande lumineuse

Pour parler plus précisément du corps de la personne en fin de vie, on peut utiliser l’image de la guirlande lumineuse pour expliquer les défaillances qui vont survenir dans les derniers moments de la vie. En effet, une guirlande est composée de plusieurs ampoules tout comme le corps est composé de plusieurs organes vitaux (poumon, cœur, rein, cerveau). Lorsque sur la guirlande une ampoule va clignoter à un moment donné, les autres feront de même et finiront par s’arrêter. De la même manière, un organe en défaillance entrainera celles des autres.

Après le décès, un transfert du patient dans la chambre mortuaire de l’hôpital

Au moment venu du décès d’un patient dans un service, l’entourage dispose d’un minimum de 2 heures pour se recueillir dans la chambre. Puis le défunt est transféré, systématiquement à la chambre mortuaire de l’hôpital. Ainsi l’équipe de la chambre mortuaire prend le relai auprès des familles afin de les accueillir et les accompagner dans les démarches administratives, le respect des rites religieux et aussi l’organisation des obsèques. La famille pourra ainsi de nouveau se recueillir auprès du défunt jusqu’au moment du départ du corps sur le lieu de sépulture.