Introduction

17 infirmières scolaires du rectorat de Tours-Orléans ont participé à une formation continue de deux jours consécutifs, animés par un socio-anthropologue, avec pour contenus la place de la mort et du deuil à l’école, les conceptions de la mort chez l’enfant et l’adolescent et les spécificités de leur processus de deuil, les conséquences d’un décès sur leur santé, leur vie sociale et leur scolarité, l’accompagnement des jeunes aidants et l’écoute active. Chacune a rempli un questionnaire d’évaluation en amont (17), en aval (17), puis à 3 mois (12). 8 ont accepté un entretien semi-directif 7 mois après, réalisé par le socio-anthropologue formateur. Nous avons pu ainsi établir plusieurs constats soulignant la pertinence de cette formation et identifier les freins et les leviers pour accompagner les élèves concernés.

Données générales sur les répondantes

Les répondantes ont une moyenne d’âge de 50 ans et 13 années d’expérience, allant de 1 à 27 années. La plupart travaillent dans les trois niveaux en parallèle : primaire, collège et lycée, et presque un tiers travaillent en REP. Toutes ont rencontré un.e jeune en situation de deuil dans le cadre de leur activité professionnelle dont plus de la moitié à plusieurs reprises. Une majorité dit avoir rencontré des jeunes aidants, mais beaucoup moins des jeunes en situation palliative. La formation était fortement attendue, car ces sujets sont rarement abordés en formation initiale et continue et peuvent renvoyer à des situations personnelles parfois difficiles.

Une formation jugée utile

Immédiatement après, l’ensemble des infirmières plébiscitent ce temps de formation tout en soulignant l’intérêt d’apports complémentaires, à l’avenir, autour des différents rites funéraires selon les religions et les cultures et plus de mises en situation avec des cas concrets. Toutes conseilleraient la formation et une grande majorité estime qu’elle leur a été utile, particulièrement pour mieux soutenir le deuil. L’expertise des intervenant.e.s, ainsi que la documentation fournie sont aussi souligné positivement. « Complètes » et « rassurantes », ces journées leur ont permis une réelle prise de distance tout en les mettant à l’épreuve quant à leurs propres difficultés d’aborder ces thèmes.

Une posture professionnelle consolidée

Quelques mois après la formation, plusieurs infirmières disent qu’elles se sentent plus « sereines », « plus en confiance » face à des situations de deuil alors qu’auparavant elles les auraient évitées. Ceci a des conséquences importantes sur leur posture d’écoute qu’elles disent avoir élargi pour ne plus être nécessairement dans une réponse précise ou clef en main. Elles l’observent notamment sur le vocabulaire à utiliser ou les formulations de phrases. Par exemple, elles ne considèrent plus obligées de formuler un « ça va aller mieux » et laissent plus ouverte la porte à ce que dit l’enfant, sans calquer un besoin particulier face à cette parole.

Une démarche proactive d’aller-vers

Plusieurs infirmières observent également qu’elles sont plus soucieuses des situations palliatives et d’orphelinage. Les identifiant mieux, elles ont changé leur posture professionnelle en prenant les devants auprès des élèves. Soit en communiquant plus régulièrement à ces sujets en classe ou alors plus directement auprès de l’élève en rendez-vous individuel. Autrement dit, elles ont pu s’autoriser à faire savoir à l’élève qu’elles étaient au courant de sa situation et à lui signifier qu’elle pouvait être mobilisée. En retour, les élèves ont répondu présents et semblent avoir apprécié leur démarche plus pro-active.

Conclusion

Cette formation a suscité l’intérêt des répondantes. Bénéficier de deux journées consécutives pour envisager une réflexion critique sur sa posture professionnelle est utile et nécessaire. Dans un contexte difficile en termes de moyens financiers et humains, reste à penser l’accompagnement des élèves sur le moyen et long terme (dates anniversaire, fêtes, collaboration avec les équipes pédagogiques, relai avec des associations), mais aussi des professionnel.l.e.s avec des temps dédiés : analyse des pratiques professionnelles, réunions de bassins, formations complémentaires (formalisation d’une démarche d’intervention, mise en situation avec des cas concrets, apports sur les différents rites funéraires en fonction des cultures et religions).