Ci-dessous, quelques ouvrages supports pour aborder la question de la vie et de la mort avec des enfants et des adolescents. Une sélection de Michel Tozzi, professeur émérite en sciences de l’éducation, chercheur et formateur en philosophie avec les enfants

Maternelle

Britta Teckentrup – Tu vivras dans nos cœurs pour toujours

Renard, vieux et fatigué, s’est endormi. Ses amis se rappellent les bons moments passés avec lui. A côté, un arbre sort de la neige et commence à pousser. Les illustrations sont douces et poétiques. Par contre on reste dans l’euphémisme puisque le mot « mort », toujours implicite, n’est jamais employé. Cela peut correspondre à des choix pédagogiques de certains, même si d’autres peuvent regretter cette forme de tabou.

On peut préférer un album sans texte : Corinne Dreyfuss – Envolée ! Editions Frimousse (qui peut convenir de la petite section au CE1), suivant l’utilisation qu’on en fait ; c’est un des intérêts des albums sans texte) : c’est un oiseau qui a perdu sa mère. On revient sur le passé heureux, l’épreuve de la perte, puis il faut apprendre à vivre avec cette absence. Et découvrir que le souvenir s’intègre à la vie qui continue et aide à grandir. Le lecteur accompagne l’oiseau dans son deuil

GS, CP, CE1

Riita Jalonena, ill. Kristiiina Louhi – Oskar jeunesse  – La petite fille et l’arbre aux corneilles

Automne. Les corneilles ont abandonné l’arbre. Une petite fille projette sur la solitude de l’arbre celle qu’elle ressent depuis la mort de son père. Elle se réfugie dans ses souvenirs pour surmonter la douleur de l’absence. La présence de la mère est aussi une aide. Elle espère des retrouvailles dans un autre monde, et bien que cette dimension ne s’inscrive dans aucune perspective religieuse, l’enseignant(e) aura intérêt à réfléchir à ce qu’il dira si des élèves lui posent des questions à ce sujet. La douceur des pastels contraste avec les sensations utilisées pour parler de la douleur qui « déchire la peau, brûle la gorge ». Un livre fort.

Kitty Crowther – La visite de Petite Mort – Pastel

Petite Mort est triste : elle a beau bien faire son travail, les gens ne l’aiment pas et ont peur d’elle. Jusqu’au jour où elle rencontre une fillette malade depuis longtemps et contente de l’accueillir, qui va sympathiser avec elle. Un livre qui pose aussi la question de « l’après » puisque la fillette choisira de devenir un ange pour aider Petite Mort en souriant aux gens qu’elle va chercher. Des illustrations très sobres, presque austères (mais belles : c’est Kitty Crowther !)

CP-CM2

Pascal Teulade, ill. JC Sarrazin – Bonjour Madame la mort – Ecole des loisirs

Un ouvrage qui ne manque pas d’humour sur un thème où ils sont rares. C’est un conte. La mort vient chercher une très vieille dame, (plutôt sourde, ça a son importance) mais elle a attrapé la grippe. La vieille dame qui n’entend pas ne comprend pas qu’elle doit partir avec la Mort mais voit qu’elle est malade, la garde chez elle et la soigne ; elles s’apprivoisent. A la fin, elle demandera d’elle-même à partir avec la Mort.

Christian Voltz – La caresse du papillon – Editions du Rouergue

Un conte philosophique sur la façon dont les morts vivent dans le souvenir des vivants et sur le cycle de la vie. L’enfant interroge son grand père sur sa grand-mère décédée : où peut-elle être ? On élimine des hypothèses (ex : pas sous terre, elle n’aimait pas les insectes ni les vers de terre). En fait, elle est… dans cette conversation, dans la mémoire du grand père et de l’enfant. C’est poétique (l’univers habituel de Christian Voltz) avec une pointe d’humour, tendre et subtil.

Du CM1 à la troisième

Thomas Scotto, ill. Eric Battut – Sables émouvants

Un texte réticent, un livre aux multiples niveaux de lecture et aux diverses interprétations possibles. Assis sur un muret dans le désert, un enfant s’adresse à son absent (il n’est pas nommé, on pourra faire plusieurs hypothèses en utilisant des indices épars dans le texte). Il mène avec lui un dialogue imaginaire, convoque des souvenirs, dit ses regrets, sa tristesse, sa colère. L’intertextualité fait écho au « Petit Prince » de Saint Exupéry. Gros travail de débat interprétatif à faire pour lire cet ouvrage sensible qui n’impose pas un sens unique (J’aurais tendance à dire « attention chef-d’oeuvre » pour cet ouvrage utilisable aussi avec des adultes en formation d’enseignants).

4ème/3ème

Joyce Carol Oates – Un endroit où se cacher.

L’héroïne perd sa mère lors d’un accident de voiture. Elle-même blessée, elle est persuadée que l’accident est de sa faute. Mais elle va devoir réapprendre à vivre, entre culpabilité et tentation de l’autodestruction par la drogue, alors même que les adultes censés de l’aider sont souvent impuissants. Un texte dur même si la fin est positive.