Quand on pense au rôle de l’école et des enseignants auprès d’élèves endeuillés, on imagine d’abord l’accompagnement et les adaptations scolaires qu’ils peuvent proposer aux enfants ou aux adolescents qui ont perdu un proche significatif. Mais les professionnels de l’éducation peuvent aussi avoir un rôle à jouer auprès des familles.

 

L’éclairage de Christine Fawer Caputo, docteure en sciences de l’éducation, professeure associée à la Haute Ecole Pédagogique de Vaud (Suisse), spécialisée dans l’éducation à la perte et dans l’accompagnement du deuil à l’école. Co-auteure de La mort à l’école: annoncer, accueillir, accompagner (De Boeck Supérieur, 2015).

 

Témoigner leur sympathie à la famille endeuillée en lui adressant oralement des condoléances ou en écrivant un mot de soutien

En premier lieu, ils peuvent témoigner leur sympathie à la famille endeuillée en lui adressant oralement des condoléances ou en écrivant un mot de soutien, de leur part ou de celle de l’équipe éducative au complet. Issu du mot latin dolere (signifiant souffrir et qui a donné le mot deuil) et du suffixe con (signifiant avec), le mot condoléances, toujours utilisé au pluriel, renvoie à l’idée de participer à la douleur d’autrui.

Les enseignants peuvent aussi se rendre aux funérailles du proche disparu, si la cérémonie n’a pas lieu dans l’intimité et si la famille est d’accord

Les enseignants, mais aussi tout autre acteur éducatif en lien avec l’élève en deuil, peuvent également se rendre aux funérailles du proche disparu, si la cérémonie n’a pas lieu dans l’intimité et si la famille est d’accord. Être présent dans ces circonstances est une manière de montrer son soutien, son respect, voire son affection en fonction des situations. Ce type d’actions est généralement fort apprécié des familles. L’idéal serait aussi de penser aux dates commémoratives du décès : en envoyant un petit mot pour leur dire qu’on se souvient de leur proche et qu’on est en pensées avec sa famille dans ces moments où l’absence se fait cruellement ressentir.

Collaborer avec le parent survivant – ou le représentant légal de l’élève – et instituer un suivi régulier

Après le décès, l’équipe professorale peut également collaborer avec le parent survivant – ou le représentant légal de l’élève – et instituer un suivi régulier. Des échanges périodiques permettent aux deux parties de se communiquer des informations importantes sur la santé de l’enfant ou de l’adolescent, sur son comportement – surtout s’il se modifie –, sur ses besoins – scolaires mais aussi extrascolaires –, sur ses éventuelles difficultés ou sur tout autre élément significatif.

Un partenariat éducatif plus englobant se met parfois en place vis-à-vis de l’élève

Parfois, on observe également la mise en place d’un partenariat éducatif dans lequel le maître ou la maîtresse adopte une posture qu’on pourrait qualifier de parentale, en essayant de pallier à l’absence de la personne défunte : en restant après les heures pour aider aux devoirs, en prenant en charge des démarches administratives normalement réservées aux parents, en tissant un lien particulier avec le parent restant, en jouant un rôle médiateur ou en trouvant des solutions aux problèmes que la famille rencontre au niveau privé.

Il s’agit aussi pour le professionnel de savoir se préserver et de se fixer des limites, afin de ne pas prendre en charge un rôle qui n’est pas le sien

Ces initiatives allègent bien souvent la tâche du parent restant, parfois submergé par son propre chagrin et pas toujours en capacité de faire face – du moins un temps – à la nouvelle situation. Si elles sont louables, elles restent individuelles et relèvent de l’empathie personnelle ou de l’envie d’aider. Ces situations ne sauraient toutefois être la norme et il serait contre-productif et déplacé de les imposer à tous les enseignants. Il s’agit aussi pour le professionnel de savoir se préserver et de se fixer des limites, afin de ne pas prendre en charge un rôle qui n’est pas le sien, qui pourrait l’amener à une fatigue compassionnelle, soit une forme d’épuisement émotionnel souvent inhérent aux métiers liés à la relation d’aide.